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Contre l'idée d'un modèle payant pour les sites de news

Publié le 31 Juillet 2014

L'idée d'un modèle payant se dessine petit à petit et se voit défendue par certains acteurs majeurs du petit microcosme du journalisme vidéo-ludique français. Avec comme argument principal l'utilisation récurrente d'adblock par les internautes, lassés des publicités racoleuses et invasives.

Ce concept est condamné à l'échec, car la concurrence est rude et personne ne voudra payer ici ce qui est gratuit là-bas. L'argument de la qualité rédactionnelle, s'il est pertinent(faire payer des sites qui auront ainsi les moyens d'offrir une plus grande qualit doit être une raison supplémentaire de ne pas basculer dans ce système.

De nombreux analystes ont déjà évoqué cette éventualité par le passé et en sont arrivés à une conclusion, à savoir qu'un modèle payant stigmatiserait une partie des internautes, les condamnant à n'avoir accès qu'à une information "bas de gamme", tandis qu'une élite de happy few aurait accès à une information critique et objective.

Le jeu vidéo n'est pas ou pas encore perçu comme objet nécessitant une analyse, un recul critique. Refuser de lui accorder le statut d'œuvre d'art, c'est jouer le jeu du modèle dominant(auquel je suis soumis, comme tout le monde), et rendre encore moins convaincante la nécessité d'un modèle payant. Pourquoi payer pour de l'analyse de produit?

Les difficultés d'adaptation à un marché très hétérogène

Si le jeu est une oeuvre d'art, laissons au pus grand nombre l'accès à des analyses poussées. S'il n'est pas une œuvre d'art, comment légitimer un accès payant pour une analyse purement formelle du jeu? Des anecdotes sur les moteurs graphiques, les licenciements, les embauches? Parler de ce qui est autour du jeu vidéo est intéressant, mais ne doit pas masquer le cœur de ce qui doit constituer un site de jeux, les jeux eux-mêmes.

C'est là le problème commun à tous les sites et magazines actuels. La nécessité de brasser large, de parler un peu de tout, empêche d'aller au fon des choses.

Jeux video news, magazine récent, illustre ce problème à merveille. Cataloguant une quantité faraineuse de brèves sur divers jeux, il n'approfondit pas son propos et laisse un arrière-goût d'inachevé. C'est moins le cas de jeuxvidéo magazine, mais chez ce mag aussi, on sent qu'il ya quelque chose d'inabouti, à cause d'une intention, certes louable, de parler d'un nombre de jeux conséquents.

En face de la presse, il y a youtube, les blogs, le bouche-à-oreille qui n'a désormais aucune frontière. Pour garder une contenance, la presse parle industrie, finance, moteurs graphiques, mais peine à masquer l'impression d'un contenu bouche-trou.

Dans les années 90, il était possible de consacrer un magazine à un support unique car l'offre en jeux était limitée, et parce que l'information n'était accessible que par la presse papier, les rares émissions de l'époque étant aussi déprimantes qu'une promenade dans un monoprix.

Je dois l'admettre, je ne vois pas de solution face à ce problème épineux, qui pourrait se résumer à "comment offrir du contenu de qualité, du contenu qui est légitime et valorisable? Comment ne pas donner l'impression qu'une presse affirmant avoir une capacité d'analyse dans le domaine ne tombe pas dans l'imposture?

Faisons le parallèle avec le cinéma et la télévision, je peux sans me tromper vous dire que 99,9%des gens choisissent leurs programmes en fonction de ce qu'ils entendent et des magazines télés livrés avec le journal du dimanche. Il en va de même pour le jeu vidéo. Parce que personne ne va payer pour de la prescription d'achat ou des potins vidéo ludiques à la voici-blomberg tv. Il n'est plus envisageable de payer pour lire qu'une étude démontre que les joueurs mâchant de la réglisse jouent mieux que ceux qui prennent une pastille de menthe, ou que tel développeur a tiré dans les pattes d'un ancien confrère, de son éditeur, où s'est reconverti dans la vente de bières. C'est de l'info jetable.

Ou plutôt si, je vois une solution, mais qui ne verra pas le jour avant une dizaine ou une quinzaine d'années: celle d'une refonte de la redevance audiovisuelle, rebaptisée redevance des médias, qui financerait des sites, soient élus par un juré, soient créés de toute pièce par l'Etat.

Quid d'un site de jeux vidéo français fonctionnant comme France 2 ou France 3?Placé entre les bonnes mains et non entre les mains des amis des puissants, un tel dispositif pourrait se révéler enrichissant. A condition d'accepter de traiter le jeu en considérant son double statut de produit et d'œuvre culturelle. Et d'avoir une culture qui ne sera pas une culture complètement gratuite, mais financée par le contribuable sans que cela n'entraîne une hausse des impôts.

Je comprends facilement pourquoi des personnes ayant travaillées pour des mastodontes de la presse encouragent un modèle payant: elles contribueront ainsi à rabattre des joueurs déçus vers leurs structures, tout en gagnant un capital sympathie.

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